BIOGRAPHIES

Valentine Alaqui

Je suis née dans une famille de théâtre mais je voulais faire autre chose. J’ai donc commencé très tôt à étudier très sérieusement. À 10 ans, j’ai intégré un cursus danse-études à Paris puis à Montréal, où j’ai émigré avec ma mère. À 13 ans, j’ai changé de cap et suivi le programme cirque-études de l’École Nationale de Cirque de Montréal, jusqu’à mes 16 ans, contrainte de descendre de mon fil de fer et de me réinventer à cause de mes épaules d’athlète complètement en miettes. J’ai alors pas mal tâtonné, passant notamment par des études d’arts plastiques, pour finalement trouver un nouveau moteur de vie et de désir grâce... au théâtre.

J’ai quitté Montréal, où j’ai vécu pendant 10 ans et suis revenue en France. En 2007, j’ai eu la chance d’être admise au TNS, dans le groupe 38, la dernière promotion de Stéphane Braunschweig et j’y ai travaillé avec Gildas Milin, Jean-Paul Wenzel, Le Théâtre-Laboratoire Sfumato de Sofia, Pascale Ferran… C’est au TNS que j’ai rencontré Joël Jouanneau, c’est avec lui que j’ai commencé à travailler en jouant dans ses mises en scène (Jojo le récidiviste et PinKpunK cirKus) et ce compagnonnage se poursuit encore aujourd’hui, 14 ans plus tard.

J’ai joué dans Funérailles d’hiver de Maëlle Poésy, Idiot de Laurence Andreini et chanté dans Lost in the supermarket, une comédie musicale mise en scène par Laurent Vacher. J’ai également travaillé avec Cyril Teste (Tête Haute et Nobody), Julie Berès (Petit Eyolf et Soleil Blanc), Pauline Bureau (Dormir 100 ans) et Émeline Bayard (On purge bébé). J’ai également été collaboratrice à la mise en scène, par deux fois, avec Charlotte Lagrange (Désirer Tant et L’Araignée).

Devant la caméra, j’ai tourné entre autres dans Le cerveau d’Hugo de Sophie Révil, Les petits meurtres d’Agatha Christie et Illettré de Jean-Pierre Améris.

Depuis quelques années, le dessin est devenu très important pour moi. En 2017, j’ai exposé mon travail à la galerie L’éphémère (Port-Louis) et aujourd’hui, mes dessins à l’encre sont au cœur de mon projet de mise en scène.

Ayant joué dans de nombreux spectacles jeune public, donné de la voix pour des livres audio jeunesse (J’aime Lire et LUNII, ma fabrique à histoires) ou encore des dessins animés et peut-être également parce que j’ai souvent interprété des rôles d’enfants (même dans des mises en scène pour les grands), je suis très sensible à la jeunesse.

Et pas seulement au théâtre puisque depuis deux ans, je mène un projet pédagogique d’éducation à la mixité filles-garçons, porté par le Théâtre Montansier (Versailles), en allant à la rencontre de centaines d’enfants dans les écoles primaires des villes de Trappes et de Plaisir.

Depuis la rentrée 2024, je suis également professeur de théâtre et metteuse en scène à l’École des Enfants de la Comédie Musicale au Centre de Danse du Marais.

Joël Jouanneau

Auteur et metteur en scène, il contribue à l’émergence d’un théâtre de répertoire, à part entière, pour le jeune public. Il est à l’origine de la création, avec l’éditeur Actes-Sud Papiers, de la collection Heyoka- Jeunesse ; il fut également à l’initiative, avec l’appui du Théâtre de Sartrouville dont il fut artiste associé de 1990 à 2003, du festival départemental des Yvelines, Odyssées.

À partir de 1988, il écrit des pièces adressées aux enfants dont il précise qu’ils peuvent être « petits et grands ». Parmi les pièces écrites pour l’enfance et la jeunesse qu’il met souvent en scène lui-même, citons : Mamie Ouate en Papoâsie qui a fait l’objet d’une création par ARTE, L’adoptée, L’ébloui, Le marin d’eau douce, PinKpunK cirKus, L’Inouîte, Tête Haute et Sous un manteau de neige...

Il écrit pour la radio, à la demande de France-Culture, Dernier Rayon puis L’enfant cachée dans l’encrier. Il adapte Shakespeare pour le jeune public avec Le roi errant puis investit le théâtre musical et l’opéra pour enfants, mettant en scène Les trois Jours de la Queue du Dragon de Jacques Rebotier qui, lui, mettra en musique le texte L’Indien des Neiges.

On connaît bien l’autre versant de sa carrière de metteur en scène de textes de Samuel Beckett, Thomas Bernhard, collaborateur de Bruno Bayen, auteur de Nuit d’orage sur Gaza, Le Bourrichon comédie rurale, Gauche uppercut comédie urbaine, Kiki l’indien comédie alpine, Le marin perdu en mer comédie pirate, adaptateur pour la scène des Enfants Tanner, L’Institut Benjamenta de Robert Walser, L’Idiot de Dostoïevski, Les Amantes d’Elfriede Jelinek, Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad.

Enfin, Joël Jouanneau est pédagogue et, de 1990 à 2010, il enseigne à l’école du Théâtre national de Strasbourg et au Conservatoire national supérieur d’Art Dramatique de Paris. Il vit désormais en Bretagne et se consacre à l’écriture.


Mes deux sœurs et moi sommes nés dans une ferme isolée du Loir-et-Cher et avions pour seuls jouets les animaux et la nature. Garder et regarder les vaches dans un pré est une chance. Un vrai poulain vaut mieux qu'un cheval de bois. Après un orage nocturne de neige, nous avons tous les trois découvert notre ferme prisonnière d'un immense manteau blanc. Le soir même, la neige s'était cachée dans la boue. C'est une expérience qui ne s'oublie pas. À onze ans, j'ai été interné deux ans loin de ma famille. Dans un lycée près de Paris. Une prison pour moi. Je me suis demandé pourquoi j'étais là. À ce cri je n'ai eu que le silence pour réponse. Je me suis enfermé dedans. Mais un livre était là. L'histoire d'un orphelin. Il avait pour titre L'Homme qui rit. Je lui dois ma vie. Et un amour fou des livres.

J'ai soixante-dix-sept ans aujourd'hui et ma tête est devenue une bibliothèque. Entre-temps, j'ai appris qu'une page blanche pouvait être un manteau de neige. Et l'encre des flocons noirs. L'écriture est devenue mon iglou. C'est du moins ainsi que j'ai écrit neuf pièces de théâtre dans l'espoir que les enfants de sept à cent sept ans les jouent ou les lisent à haute voix. Sous un manteau de neige est la dixième. C'est une odyssée où deux pauvres humanimaux, Korb et Guenille, orphelins venus du Jadis en quête du Beau Jourd'hui, vont devoir affronter les ténèbres du monde qui leur arrive. Mais ils ont pour armes un oui à la vie, le mystère de parler et la danse des mots : c'est une chance.