SOUS UN MANTEAU DE NEIGE
UN PEU DE LECTURE, QUELQUES EXTRAITS…
LE CERCLE DES LUMIÈRES
KORB. On dirait que… on dirait… on dirait que du ciel des millions d’étoiles nous regardent.
GUENILLE. Non, on dirait que du ciel ce ne sont pas des étoiles mais des enfants qui nous regardent.
KORB. On dirait oui que les étoiles sont des yeux d’enfants.
GUENILLE. On dirait que ce sont des enfants sans pourquoi.
KORB. Après on dirait qu’ils arrivent par ici.
GUENILLE. Ils n’arrivent pas par ici Korb non ils sont déjà là. Tu sais qu’ils comptent sur nous pour découvrir le Beau Jourd’hui.
KORB. Et après on leur dirait qu’on est comme deux clowns. Que venus au monde pour souffrir on aurait ordre de les faire rire, on leur dirait ça oui et comme huit fois sept si tu divises ça fait plus ou moins trois, on dirait qu’on improvise, alors en piste Guenille on y va, à toi c’est parti !
L’AUBE NOUVELLE
Seul dans son cercle et à l’abri du temps, l’élève Korb conjugue révise énonce ânonne et égrène, sagement ou non c’est selon, litanies d’adjectifs chapelets d’adverbes et bon nombre de règles d’une sévère mais exemplaire grammaire, soutenu par les joyeux battements d’ailes d’une nuée de martinets.
Sur un ring imaginaire, le poids plume Korb combat le patibulaire Ursus dont les vingt consonnes grattent grincent grondent griffent et font du grabuge dans la clairière.
URSUS. Allez Korb fais le saut fouette cocher et à cheval sur un arc-en-ciel offre des couleurs aux voyelles, impose-leur ton alphabet personnel, qu’en dis-tu Korb oui que me dis-tu si je te dis A?
KORB. Si tu me dis A je te réponds Noir.
URSUS. Funeste présage pour amorcer la vie. Sombre couleur que tu as choisie.
KORB. Sombre mais si je lui dis oui au Noir du A c’est qu’il me soulage, à mes yeux il est la couleur de Mère Ourk dont le pelage autrefois illuminait mes nuits.
URSUS. Que peux-tu m’apprendre du E Korb si le Noir t’éblouit ainsi?
KORB. Le E est Blanc, le E est la couleur du manteau de neige qui protégeait mes rêves avant l’aube du temps mais c’est aussi le Blanc de la forêt des dents de Mère Ourk qui souriait à mon réveil.
QUAND JE NOUS TROIS
Aux aurores, un vieux landau trois bougies deux bouts de ficelle un rideau en lambeaux, bref, tout juste de quoi interpréter à la diable et au pas de charge une comédie à grand-peine musicale et surtout très bancale sous la houlette d’un auteur aussi doux que peut l’être un vieil ours.
URSUS. Allez vous deux on reprend vos noces une dernière fois et refaites lemeuleu bien mieux sinon je vous sonne les cloches moi, musique.
GINGER ET FREDDO (chacun leur tour). Oh mon homéo mon balcon ma dodorindron mon aluette ma bornéo mon eskimo ma sucette mon finaud ma Ginger mon Freddo ma fluette mon gnagneau ma côtelette mon couteau ma fourchette ma boléro mon musette ma rodéo mon galipette mon gros mulot ma petite couette mon hirondelle mon krocroc ma kroquette mon bestiau ma fleurette mon figaro ma gazette mon loupiot mon esperluette mon kimono ma jupette ma zézette mon zoli zozo mon noiseau ma noisette ma socquette…
URSUS. Il faudrait me le releumeuler.
Ils le chantent de nouveau en terminant par un numéro de claquettes.